MEMOIRE

Lorsque Jacques Dubois, éminent professeur à l’Université de Liège, rédige en 1973 sa théorie sur l’institution littéraire, il est certainement loin de se douter qu’un rapprochement sera tenté vingt ans plus tard avec l’institution architecturale francophone. Ces deux matières que rien ne semble unir conduisent pourtant à la conception d’un instrument commun : l’appareil de consécration et de légitimation.

 

L’architecture belge francophone, après un réveil tardif sur le plan promotionnel, se lance dans l’aventure en éditant en 2004 le Livre Blanc, un recueil de recommandations destiné à promouvoir, auprès du monde politique, sa propension culturelle. Dix ans plus tard, des stratégies sont en place mais la coordination est difficile dans un pays qui compte plus de complexités politiques que de mètres carrés. Les dissonances communautaires court-circuitent des initiatives et les camaraderies forcent les opérateurs à faire appel au bon cœur du public.

 

Comme Sartre, De Beauvoir et Camus dans leurs fumoirs, les architectes créateurs tentent de s’accrocher à leur réseau en parcourant les expositions, saluant le travail d’un confrère dans une revue, tout en gardant toujours à l’esprit d’entretenir leur propre carrière, si possible à l’international. Une relation fratricide qu’ils préfèrent projeter sur leurs confrères de la sphère commerciale, contre qui ils mènent un combat promotionnel armé de discours et de valeurs empruntées à leur voisins flamands. Au centre de l’arène, le public, client potentiel, et les médias semblent impassibles, voir désintéressés par une politique confuse qu’ils ne maîtrisent pas. 

 

La littérature perd peu à peu du terrain face aux nouveaux médias et l’architecte, victime d’une crise identitaire majeure, tente de renouer avec la communication. Il fait alors appel à d’autres disciplines comme la philosophie le cinéma ou l’écriture. Durant ce temps, des initiatives créatives arborent les rues et tentent d’inculquer l’amour de l’architecture aux enfants. 

 

Ce travail, à travers les rencontres des acteurs de chaque niveau, a permis de révéler les tensions et les espoirs au sein de l’institution, et de comprendre ce qui anime aujourd’hui la sphère de production restreinte, à savoir tirer l’architecture vers le haut, tout en gardant la satisfaction du client comme principale préoccupation.

 

 

2è MASTER ULg   ///   2014-2015   ///   Août